Vue générale
Le livre des Nombres tire son titre français, comme il en est en latin et en grec, des deux dénombrements dont il nous parle. Le livre est en réalité une partie de l’ensemble que nous appelons « Pentateuque ». Parmi les scribes juifs, il était plus connu sous le titre « Dans le désert », qui, en hébreu, s’écrit en un seul mot (« Bemidbar »), tiré du premier verset du livre. Ce titre est plus exact, car le thème du livre est bien l’ensemble des vicissitudes et des victoires du peuple d’Israël depuis le jour où ils quittèrent la région du Sinaï jusqu’à ce qu’ils atteignent les frontières de la Terre Promise.
Parfois, les Nombres apparaissent comme un ensemble quelque peu décousu de données, de récits, de rituels et de lois civiles. Ces données sont cependant toujours liées à l’histoire, tandis que les lois et ordonnances sont rendues nécessaires par les exigences de la vie : ainsi en est-il de l’institution d’une Pâque spéciale dans des circonstances qui excluaient toute observance de la Pâque régulière ; on peut aussi citer à cet égard la requête des filles de Tselophchad qui réclamaient que le Seigneur accorde un héritage aux filles, lorsqu’il n’y avait aucun fils survivant. Historiquement, les Nombres commencent où l’Exode se termine, en tenant compte, toutefois, des quelques sections narratives du Lévitique. Ils recouvrent une période d’environ quarante ans, dans l’histoire de la progression des Israélites vers la Palestine. Bien qu’on parle généralement de cette époque comme des « années d’errements », il est très probable que le peuple de Dieu vécut au sud de Canaan, en partie dans la région connue aujourd’hui sous le nom de Néguev, près de Kadès-Barnéa, pendant environ trente-sept ans. Pendant tout ce temps, le tabernacle constitua le centre même de la vie civile et religieuse des Israélites ; c’était d’ailleurs à cette époque que Moïse accomplit la plupart de ses tâches administratives. On peut supposer que le peuple d’Israël vécut à la manière des nomades, habitant sous des tentes et gardant des troupeaux dans les steppes à demi désertiques. Dans de telles circonstances, l’intervention divine, qui eut lieu en vue de fournir eau et nourriture au peuple, s’avéra nécessaire.
Dans le livre de Nombres, Dieu est présenté tel un souverain qui exige une entière obéissance à Sa volonté sainte, mais n’en révèle pas moins Sa miséricorde envers ceux qui se repentent et croient en Lui. Comme le père qui nourrit et châtie ses enfants, Dieu dirige Israël, Son enfant bien-aimé. C’est au moyen de médiateurs qu’Il a choisi de traiter avec les hommes, et Moïse est le premier de ces médiateurs, bien que les autres soient susceptibles de recevoir les dons prophétiques –Balaam le païen n’en reçut-il pas, lui aussi ? – car Dieu est le Dieu des esprits de tous les hommes.
Le Nouveau Testament contient plusieurs références au livre des Nombres : il nous dépeint la délivrance des Israélites hors d’Égypte comme le type humain de la rédemption éternelle. Les expériences du désert sont destinées, d’autre part « à nous avertir ». Notre Seigneur Jésus-Christ se servit de l’histoire du serpent brûlant pour illustrer la manière dont Lui-même devait être élevé afin que ceux qui croiraient en Lui ne périssent point, mais aient la vie éternelle.
L’auteur
Les juifs et les chrétiens ont toujours considéré Moïse comme étant l’auteur du livre des Nombres. La période mosaïque se situant environ mille trois cents ans avant Christ ; le livre, tel que le possédons aujourd’hui, est passé entre de nombreuses mains et le texte hébreu a été recopié bien des fois. Il est probable qu’il y eut ça et là quelques additions d’ordre scribal ou éditorial. Les fanatiques de la critique textuelle ont essayé de nier que Moïse ait été l’auteur de ce livre et ont tenté de le diviser en plusieurs documents, qui selon eux, dateraient d’époques différentes de l’histoire d’Israël. Cependant, les découvertes archéologiques ont montré l’antiquité des lois, des institutions et des conditions de vie décrites dans les Nombres. Le fait que ce livre aie été écrit par Moïse et qu’il date de l’époque où celui-ci vivait nous est confirmé par le grand respect manifesté par les Juifs envers le libérateur d’Israël et les écrits sacrés qu’ils lui attribuaient.