Vue générale et auteur
Qui est l’ « Ecclésiaste » ? Ce terme signifie « homme de l’assemblée », c’est-à-dire soit celui qui convoque une assemblée religieuse (cf. No. 10, 7), ou celui qui y parle, à savoir le prédicateur. Ici, le prédicateur n’est pas un sacrificateur qui expose la loi ou un prophète qui prêche la parole, mais un sage qui donne ses conseils (cf. Jé. 18, 18), ressemblant en cela à l’auteur du livre des Proverbes.
D’après Ecclésiaste 1, 1, on déduit généralement qu’il s’agit de Salomon, le premier des sages d’Israël ; une partie au moins de ce livre reflète les expériences de ce sage.
On peut cependant se demander si Salomon, troisième roi d’Israël, a pu, à un moment quelconque de sa vie, employer le passé pour dire : « J’ai été roi d’Israël à Jérusalem » (1, 12) ? A-t-il pu vraiment dire « J’ai dit : j’aurai de la sagesse. Mais elle reste loin de moi » (7, 23) ? Pendant son règne glorieux, a-t-il pu affirmer, à aucun moment, que des oppresseurs se présentaient devant lui dans toute leur puissance sans que rien n’ait pu être fait contre eux ? Quand ce « Qohéleth » (le seul nom qu’il possède dans l’hébreu, « homme de l’assemblée », c’est-à-dire la désignation exacte de sa fonction) a-t-il écrit son livre ? Apparemment lorsqu’Israël souffrait de l’oppression étrangère (peut-être perse, entre l’an 444 et l’an 331 avant J.-C. bien que certains considèrent plutôt une oppression grecque). Le livre apocryphe de l’Ecclésiastique, écrit par Jésus ben Sirach aux environs de l’an 160 avant J.-C., semble mentionner cette œuvre plus ancienne appelée « l’Ecclésiaste ».
Où ce « Qohéleth » a-t-il écrit ? Près de la maison de Dieu (5), où les hommes vont et viennent, près du lieu saint (8, 10). La connaissance du monde extérieur démontrée dans ce livre a pu être acquise à Jérusalem même.
A qui ce livre est-il destiné ? Bien qu’il ait été écrit en hébreu, il ne montre pas beaucoup de caractéristiques juives. L’alliance avec Dieu n’est jamais mentionnée, et le nom d’Israël n’est cité qu’une seule fois. Le sage parle aux humains (littéralement « aux fils d’Adam »). Stigmatisant la folie naturelle de l’homme et ses funestes effets, il annonce la sagesse et la lumière de l’Évangile.
Pourquoi un tel livre a-t-il été inséré dans le canon des Ecritures ? Les rabbins ont discuté la logique de l’auteur, tout en reconnaissant son œuvre comme partie intégrante de leur Bible. Il ne s’agit pas d’un optimisme aveugle ; trop de problèmes particulièrement difficiles de la vie humaine y sont abordés. Mais il ne peut s’agir non plus d’un pessimisme cynique : l’auteur, en effet, croit en un Dieu juste (8. 12-13 et autres références). Nous devons y voir avant tout un réalisme honnête qui considère autant le plaisir et l’emportement, les triomphes et les défaites, ce qui fait la lumière et ce qui fait les ténèbres, tout cela pour conclure que la vie n’est que vanité et poursuite du vent. Cependant, ajoute enfin l’auteur, le centre d’intérêt de la vie d’un homme doit être le respect et l’obéissance envers Dieu, car c’est à Lui qu’il faudra rendre compte, au dernier jour.