Vue générale
Le but de ces livres n’est pas clairement énoncé. Cependant, la lecture même la plus superficielle de ces deux livres montrera que, si Israël respecta le plus souvent l’alliance avec Dieu, la majeure partie de ses rois en rejetèrent et insultèrent les obligations.
Les rois de Juda et d’Israël sont ici passés en revue, et, chaque fois que cela est possible, considérés comme des contemporains. La valeur de chacun d’entre eux est déterminée en comparaison avec celle de deux souverains précédents : le roi David qui respecta fidèlement l’alliance conclue avec Dieu, et le roi Jéroboam 1er, qui la délaissa.
Une telle comparaison permet ainsi de dire si le souverain « marcha dans toute la voie de David, son père » ou « imita les péchés que Jéroboam, fils de Nébath, avait fait commettre à Israël ».
Il est évident qu’en se fondant sur un tel critère, l’auteur des livres des Rois trouva que très peu de souverains respectèrent l’alliance faite avec Dieu. Les seules exceptions notables ont pour noms : Asa (1Ro.15), Josaphat (1Ro.22), Ézéchias (2Ro. 18 à 20) et Josias (2Ro. 22 et 23), bien que ces souverains aient eu quelques défauts.
David réalisa cet idéal plus parfaitement qu’aucun autre. Son dernier conseil à son fils Salomon fut de rester attaché aux commandements de Dieu (1Ro. 2, 3). C’est là que réside, en effet, le seul espoir de prospérité et de paix. S’éloigner de cette loi royale place l’homme sous le risque du jugement divin.
La loyauté envers l’alliance de Dieu était une exigence connue depuis fort longtemps en Israël. Elle venait d’Abraham, mais ne trouva son expression à l’échelle nationale qu’au temps de l’Exode, lorsqu’Israël, à peine sorti d’Égypte, arriva au Sinaï et conclut une alliance solennelle avec Dieu. Israël devait dès lors être le peuple de Dieu, séparé des autres nations et obéissant à Ses commandements, manifestant en cela une parfaite loyauté. Les Israélites ne devaient pas conclure d’alliance avec les autres nations, ni adorer d’autres dieux. Leur respect de l’alliance conclue avec Dieu devait leur apporter la bénédiction ; leur infidélité entraînerait malédiction et jugement. Ces principes sont clairement établis et énoncés dans 2 Rois, chapitres 17 à 23.
L’auteur retrace l’histoire des rois d’Israël depuis Salomon jusqu’au dernier roi de Juda. D’une manière franche et honnête, il décrit la triste histoire du rejet de l’alliance par la plupart des souverains. La chute finale d’Israël devant l’Assyrie (2 Ro. 17) et celle de Juda devant Babylone (2Ro.25) étaient la preuve de la vérité du principe qu’énonce ce livre et les hommes qui avaient du discernement n’en furent nullement étonnés.
A l’avenir, les deux livres des Rois demeurèrent comme des avertissements pour le reste du peuple de Dieu, et portèrent avec eux leur leçon spirituelle : le rejet de l’alliance faite avec Dieu, acte coupable et rebelle, ne peut qu’encourir le jugement divin.
L’auteur
L’auteur des livres des Rois est inconnu. Il eut accès à des mémoires écrites telles que le livre des Actes de Salomon (1Ro. 11, 41), le « livre des chroniques des rois d’Israël » (1Ro. 14, 19 et autres références) et « le livre des chroniques des rois de Juda » (1Ro. 14, 29 et autres références), qui étaient probablement des annales officielles. Il se peut également qu’il ait utilisé d’autres écrits, œuvres probables de quelques prophètes.
Le compilateur final doit avoir survécu à la chute de Juda en 586 avant J.-C. puisqu’il parle de la libération du roi Jojakin qui eut lieu aux environs de l’an 560 avant J.-C. (2Ro. 25, 27-30).
De l’intérêt qu’il semble porter à l’alliance avec Dieu, nous pouvons déduire qu’il s’agissait d’un prophète contemporain de Jérémie et qu’il écrivit ces livres pendant la première moitié du sixième siècle avant Jésus-Christ.